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Quand l’Arabie saoudite rêve de jeu vidéo

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Raphaël Raffray

Avant d'accueillir les Jeux asiatiques d'hiver en 2029 et la Coupe du Monde de football en 2034, l’Arabie saoudite et son prince héritier, Mohammed Ben Salman, ont récemment fait savoir qu’ils souhaitaient mettre en place une nouvelle “Coupe du Monde du jeu vidéo”. Un pas de plus pour le royaume dans le monde du gaming. 

Après une longue attente de quatre ans, la Overwatch World Cup a enfin fait son retour. Cette nouvelle édition de compétition du célèbre jeu vidéo de tir multijoueur a vu pour la première fois de son histoire, une équipe saoudienne remporter la compétition. Dans une finale intense, la sélection saoudienne est venue à bout de la Chine, défaite en finale pour la troisième fois d'affilée.

Bien plus qu’une simple victoire, la performance de l’équipe saoudienne à la Overwatch World Cup est le fruit d’un renforcement des liens entre le royaume et le jeu vidéo ces derniers mois. C’est en effet l’un des secteurs privilégiés d'investissement pour Riyad dans sa quête d’ouvrir et de diversifier son économie.

L’Arabie saoudite veut créer la première “Coupe du monde de jeu vidéo” 

Avant les skis et les ballons, l’Arabie saoudite pense déjà aux manettes. Alors que le royaume va accueillir les Jeux asiatiques d'hiver en 2029 et la Coupe du Monde de football en 2034, son prince héritier, Mohammed Ben Salman, a récemment fait savoir qu’il souhaitait développer une nouvelle compétition, mais cette fois-ci de jeu vidéo.

À partir de l’été 2024, Riyad veut accueillir un événement qui « comprendra les jeux les plus populaires au monde, tous genres confondus, et offrira la plus grande dotation de l’histoire ». Dans un communiqué de presse, le prince Mohammed Ben Salman a expliqué que ce nouvel événement s’inscrit comme « une étape naturelle dans le projet de l'Arabie saoudite de devenir le premier centre mondial des jeux vidéo et de l'e-sport ».

La première de ce nouveau “mondial” de l’e-sport, prévue pour l'été prochain à Riyad, remplace ainsi le festival “Gamers8”, créé en 2017. Il proposait encore cette année des récompenses records avec une cagnotte totale de 45 millions de dollars, soit environ 42 millions d'euros. Ce changement consolide la position de Riyad en tant que lieu de rassemblement privilégié pour les compétitions de jeux vidéo dans le monde.

Des investissements massifs dans le jeu vidéo

Cela fait maintenant plusieurs années que l’Arabie saoudite s'est lancée dans une course à la diversification de son économie, principalement tournée vers les hydrocarbures. L’un des exemples les plus récents reste le football, de par son impact économique et culturel mondial. Beaucoup de fans gardent en mémoire les transferts et salaires importants des nombreuses grandes stars du ballon rond qui ont rejoint le royaume saoudien ces derniers mois. Cristiano Ronaldo, Karim Benzema ou encore N'Golo Kanté, autant de noms qui ont permis à ce pays d'asseoir son influence sur ce sport. 

Un autre moyen pour le royaume de diversifier son économie, dans un secteur populaire et lucratif, est le jeu vidéo. Selon le cabinet spécialisé Newzoo, le marché mondial du jeu vidéo a généré plus de 180 milliards de dollars en 2023, soit plus que l'ensemble des industries du cinéma, de la musique et du livre réunis. C’est donc un secteur particulièrement prisé par Riyad ces dernières années, malgré les nombreuses interdictions sur le territoire de certains des jeux les plus célèbres de ces dernières années tels que par exemple Final Fantasy XVI. 

« Nous exploitons le potentiel du secteur des jeux et des sports électroniques afin de diversifier notre économie, de stimuler l'innovation dans le secteur et de développer les offres de divertissement et de compétitions sportives électroniques dans tout le royaume », a récemment commenté le prince Mohammed Ben Salman. Le fonds d’investissement public saoudien a notamment annoncé un financement de plus de 30 milliards de dollars dans le groupe Savvy Games, spécialisé dans l'e-sport et déjà détenu par le fonds souverain saoudien.

Par ailleurs, le royaume compte aussi faire sa place dans le milieu du développement et de l’édition via des participations minoritaires chez de grands noms du jeu vidéo comme Electronic Arts, Nintendo ou Capcom. Plusieurs milliards seraient aussi prévus pour l'acquisition ou l’investissement dans de jeunes entreprises du secteur, mais aussi dans un «éditeur de jeux de premier plan », dont le nom n’a pas encore fuité à l’heure actuelle. Une stratégie bien rodée qui compte bien asseoir l’Arabie Saoudite à une place de choix dans le monde du jeu vidéo.