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Société · impact

En Tunisie, les cultivateurs se servent du sable pour irriguer leurs plantations

Les agriculteurs tunisiens utilisent un système d’irrigation par le sable. Un modèle plus écologique que les systèmes d’irrigation habituels, mais de plus en plus menacés. 

Selon la FAO (organisation onusienne pour l’alimentation et l’agriculture), la Tunisie dispose annuellement de 403 m3 d'eau par habitant, bien en dessous des 1000 m3 d’eau nécessaires pour avoir un système d’irrigation pérenne. L’agriculture irriguée pompe 80% des ressources hydriques du pays. Pour continuer à cultiver en économisant l’eau, les agriculteurs du pays s’efforcent de préserver une technique ancestrale mais délicate d’irrigation. 

Préserver un mode de culture ancestral et plus écologique 

Dans le nord de la Tunisie, dans la petite ville de Ghar El Melh, des terrains cultivés s’étendent sur 200 hectares. Ce sont des “ramlis”, des parcelles sablonneuses créées au XVIIe siècle par la diaspora andalouse. Elles permettent de cultiver des légumes en utilisant moins d’espace et surtout moins d’eau, et de nourrir la population. L’année dernière, elles ont été inscrites au patrimoine mondial de la FAO, qui les considère comme “uniques au monde”. 

Ghar el Melh est située entre mer et falaise, elle est bordée de lagunes d’eau salée. L’eau de pluie ruisselle des montagnes vers les terrains sablonneux autour des lagunes. Elle reste prise au piège au-dessus d’une couche d’eau salée. Cette eau douce remonte deux fois par jour, poussée par les marées. Les légumes plantés dans les ramlis y plongent leurs racines. Pour les protéger de l’érosion et du vent, les parcelles sont protégées par des canisses et font au maximum 4 mètres de large. 

Ce système permet de cultiver toute l’année sans irrigation artificielle en produisant jusqu’à 20 tonnes de légumes par hectare, sans toutefois puiser dans les réserves naturelles. Malheureusement, ce système est menacé par le dérèglement climatique qui entraîne la montée des eaux, mais aussi par le tourisme. Les touristes viennent profiter des plages de sable blanc qui ressemblent au paradis, seulement cela augmente la pression immobilière et menace les lagunes.